Présentation de la démarche Hiver en nous

Écrit par Marie-Hélène Roch pour le Campus De la Transition

« L’hiver, a dit Pierre Perrault, c’est le temps des récits. »

Depuis que s’est amorcée ma résidence artistique au Campus de la transition à la fin novembre, ma présence régulière aux îles du Parc Jean-Drapeau a déjà donné lieu à de multiples réflexions, observations, expérimentations qui nourrissent mon projet Hiver en nous. Voici une courte rétrospective, pour contextualiser d’abord la problématique, les questions de recherches et les méthodes qui motivent ma démarche d’artiste-chercheuse. Ensuite, sont présentées mes intentions pour la résidence et quelques traces qui exposent à la fois mon état d’esprit, mes pensées, mes inspirations en marchant et vivant ce territoire insulaire et urbain en hiver. 

NOVEMBRE 2022 : Un projet de recherche au doctorat se dessine et la collaboration naissante avec le Campus est l’occasion idéale de tester l’échelle d’intervention du parc urbain et le dialogue entre nordicité et transition socio-écologique 

Plus que jamais, les réflexions concernant notre rapport à l’hiver et à la nordicité urbaine sont d’actualité, souvent ambivalentes, et soulèvent des questions en ce qui a trait aux stratégies de résilience climatique et aux mesures favorables au développement de collectivités viables. En 2023, il est d’une importance capitale de réfléchir sur l’interdépendance entre l’humain et le vivant, le respect des limites de notre planète, le partage de ressources, la décroissance et la remise en question des modes de vie et du rapport au temps; tous des principes centraux de la transition socioécologique. Le projet en recherche création et intervention « Hiver en nous - Chantier de recherche et d’expérimentation des savoirs et expériences vécues, perçues, imaginées et transformées de l’hiver urbain » vise à étudier et traduire l’humanité de l’hiver urbain et créer des nouveaux récits et imaginaires pour voir, réfléchir, comprendre, ressentir, vivre et habiter l’hiver autrement. 

Ces conditions amène à questionner : Qu’est-ce que les (nouveaux) récits, les sensations et perceptions et transmissions à la rencontre de l’hivernité et la transition socioécologique peuvent nous révéler sur les dimensions humaines de l’hiver vécu en ville? Comment les conditions contemporaines de l’hiver urbain ouvrent alors un espace de créativité d’où émerge de nouveaux récits et imaginaires connectés? L’objectif principal est d’étudier et traduire l’humanité de l’hiver urbain comme un phénomène social, culturel, esthétique et climatique. Le dialogue entre nordicité et transition socioécologique est une composante inédite avec un fort potentiel de contribution conceptuelle et pratique, car les deux notions mobilisent des savoirs, narratifs et imaginaires qui pourraient se compléter et s’enrichir.

Les méthodes préconisées pour ce projet en recherche création et intervention s'appuient sur une approche pluridisciplinaire (arts, sciences sociales et sciences naturelles) et une démarche innovante et sensible de renouvellement de la réflexion entre l’humain et son environnement. Les recherches et expérimentations sont basées sur la collecte de récits, sensations, perceptions et transmissions qui allient à la fois photographie documentaire, parcours performatifs, installation dans l’espace urbain et médiation culturelle. Elles s’inscrivent de plus dans une vision de la recherche comme pratique personnelle (en nous) et ancrée dans la société (nous).

Intentions de la résidence aux Îles du Parc Jean-Drapeau  : 

  • Expérimenter et mieux comprendre la relation à la fois physique, émotive, affective, sensorielle avec l’hiver urbain insulaire 

  • Développer des expressions d’attachement individuelle et collective au territoire (Îles du Parc Jean-Drapeau) et la nature en hiver

  • Documenter les îles qui se transforme, comme les saisons 

  • Faire émerger des utopies hivernales pour transformer les normes sociales et renouveler notre regard/discours sur l’hiver urbain 

Interventions artistiques in-situ à venir : 

À propos de l’artiste-chercheuse en résidence : 

Marie-Hélène Roch est artiste, chercheuse en études urbaines et conceptrice d’expériences narratives. Observer, connaître, comprendre et raconter le monde qui l’entoure, l’ont amené vers une démarche pluridisciplinaire, à la fois conceptuelle et pratique. Rêveuse de villes quatre saisons, aux valeurs sociales et solidaires engagées, elle est aussi la maman de Gustave et Clovis, avec qui elle (re)découvre les possibles (et les limites) de la métropole par ces quartiers, espaces (verts, bleus, blancs), trajets quotidiens, mobiliers et interventions. Depuis bientôt 10 ans, sa réflexion critique des concepts de nordicité urbaine au quotidien oriente son travail en recherche création et intervention. Elle creuse en profondeur les thématiques de villes d’hiver durables, de psychologie environnementale, de résilience climatique et d’identité territoriale. Ses projets engagés allient recherche, photographie documentaire, parcours performatif, mise en récits et installation dans l’espace public. 

Pour découvrir quelques unes de ses contributions : 

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«On apprend l’espagnol, l’anglais, le français… pourquoi ne pas apprendre à parler la langue du Vivant, des plantes et des animaux ?»

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